CANTON DE LA CHAPELLE SUR ERDRE
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L’ERDRE POUR TOUS

Le problème de l’accès au bord de l’Erdre, rivière du domaine public, refait surface avec le sentier récemment construit à la Gascherie, à la Chapelle s/Erdre. Et ce, au moment où on fait le bilan des 20 ans de la loi Littoral destinée à mettre fin aux plages privées et à garantir l’accès du public au bord de mer. Il y a des combats qui se ressemblent.

La collectivité achète fort cher un terrain dont elle est déjà propriétaire depuis 150 ans ! L’Erdre fait partie du canal de Nantes à Brest. Pour y faciliter le halage des bateaux un projet de chemin de halage fut établi en 1844 et les travaux déclarés d’utilité publique. Dans certaines zones trop irrégulières et marécageuses, il fallait rectifier le bord de la rivière. L’Etat faisait alors construire un chemin rectiligne à la limite de l’eau et certains riverains en profitaient pour acheter à l’Etat les portions de rivière comprises entre leur propriété et ce chemin de halage lorsqu’il était prévu un peu au-delà de la rive.

Ce fut le cas, à La Gascherie où la propriétaire Madame Poydras de la Lande a acquis le 12 septembre 1860 une surface de 17875 m² au prix de 5 centimes le m². Sur le document établi par les Ponts et Chaussées et signé par la propriétaire, il est établi que ce chemin de 3,25 m reste la propriété exclusive de l’Etat, que la propriétaire ne pourra en revendiquer la propriété et qu’elle reconnaît que sa propriété est soumise à la servitude de halage. Elle reconnaît à nouveau cette servitude en 1873 lorsque les riverains ont demandé que ce chemin de halage soit remplacé par un remorquage à vapeur.

On peut voir encore très facilement dans la partie nord du sentier le chemin construit à l’époque surélevé de 0,50m au-dessus de l’étiage de la rivière et surélevé par rapport aux anciens marécages de l’autre côté. Sur plusieurs centaines de mètres, les promeneurs peuvent observer le mur de pierre qui a été construit à l’époque, plongeant dans l’eau.

LA  JUSTICE  AU  BORD DE L’ERDRE

Comme toutes les rivières navigables, l’Erdre est soumise à une servitude de marchepied de 3,25 m. On trouve aux Archives Départementales des dizaines de documents qui attestent que depuis 1812 les Pouvoirs Publics ont constamment fait respecter cette servitude. En 1953 le Conseil d’Etat a confirmé cette position et le Ministre des Travaux Publics a donné consigne au Service de la navigation de Nantes de faire respecter la loi. Cette lettre du 12 octobre 1953 a été enfouie dans un tiroir de ce Service où je suis allé personnellement la découvrir en 1976 et en faire une copie que j’ai publié dans la brochure « l’Erdre pour tous » diffusée alors à 1000 exemplaires. Depuis le Service du Port déclare qu’il n’y a pas de servitude de marchepied. Il est vrai qu’à l’époque, il a acheté pour son Directeur une importante résidence au Bord de l’Erdre à Sucé….

Quand en 1965 le Sénateur Verdeille fit étendre la servitude de marchepied au bénéfice des pêcheurs, il manifesta sa grande surprise d’apprendre que cette servitude ne s’appliquait pas sur l’Erdre.

L’Assemblée Nationale a voté le 12 octobre 2004 l’amendement 570 pour étendre le bénéfice de la servitude de marchepied à l’ensemble du public afin qu’il puisse accéder aux cours d’eau du domaine public pour la promenade et la randonnée. Qu’en est-il au bord de l’Erdre ?
La dernière grande manifestation eut lieu le 1er mai 1976 justement sur ce site de la Gascherie. A l’époque 5000 personnes ont participé à cette manifestation familiale. Ils marchaient derrière une pancarte indiquant « nous ne réclamons que la justice au bord de l’Erdre ».
Gageons que cette pancarte ressortira lors de la prochaine manifestation du 15 janvier 2006.

Robert CHIRON